dimanche 4 décembre 2011

Sumatra : mousson humaine et mer de plastique

Suhaï et l'une de ses classes
Singapour, la ville où le chewing gum est interdit, offre un spectacle des plus insolites. Tandis que les fidèles sortent des diverses mosquées après leur prière du soir, une véritable armée de prostituées se tient un peu partout et tente d’attirer le chaland. Rajoutez à cela l’odeur sympathique des gargotes chinoises, les hommes d’affaires pressés, un environnement trop propre et des plus modernes : paf, le cocktail est épicé.

Marina Bay (Singapour)

De Marina Bay au marché des voleurs, la mythique cité portuaire à de quoi rassasier mais à l’image de ses homologues malaises, n’offre pas grand-chose d’âgé de moins de 50 ans.
Premier choc : les prix ! Le coût de la vie ici est comparable à la France et je verse une larme à chaque fois que j’ouvre mon porte-monnaie. Bonne nouvelle, camper sur la plage est autorisé et je peux donc dormir sur place sans avoir à vendre mes organes.

L'un des nombreux temples hindous de Singapour

Le temps est désormais venu de s’attaquer à l’Indonésie et il me faut donc attraper un bateau pour rallier l’île de Sumatra. La chose n’est guère aisée, spécialement lorsque l’on ne souhaite pas payer la traversée et mes explications au personnel sur le pourquoi du comment n’y changent pas grand-chose. De plus, chaque jour de plus passé ici me fait perdre quasiment autant que le billet… Je terminerais finalement par l’acheter, ce qui est peu glorieux, et me dirige donc vers Batam, petit île de transit vers ma destination finale.


Mais voilà, j’arrive trop tard et le prochain « navire » ne sera là que le lendemain. Un autochtone me conseille de reprendre la mer vers Tanjung Balaï Karimun, vraisemblablement plus typique et cela m’avancera malgré tout d’une heure. Cette fois, j’obtiens un ticket en échange d’un paquet de cigarettes et fait voile vers ladite bourgade.

 Ce bout de terre est à lui tout seul déjà un autre monde. Tout le monde me salue, me raconte sa vie, me conseille, essaye de me vendre des saloperies (bon ça, ce n’est pas nouveau) et m’apprend le langage du coin. Je suis le seul occidental sur place et je me sens comme une star de cinéma (un brin pouilleuse certes) en tournée de dédicaces.

Vendeur de Tanjung Balaï

Le lendemain, c’est coquille de noix de nouveau et me voilà quelques heures après sur la route de Pekanbaru que j’atteins sans mal vu que tout le monde s’arrête à ma portée et me propose joyeusement de me déposer où je veux. Vision d’apocalypse que cette route jonchée de détritus, contrastant avec la beauté du paysage. Les nombreux macaques sur le bas-côté cherchent de quoi bouffer dans les innombrables sacs en plastique tandis que quelques cadavres de clébards viennent réveiller les narines.

Me voilà sur place le soir et chacun de mes pas provoquent, à peu de chose près, une émeute. De nouveau on me regarde avec des yeux ronds et l’on me donne du « hello mister » à tout va. Tandis que je cherche un lit pour étendre ma carcasse, Suhaï sur son scooter s’arrête avec sa frangine et m’offre le gîte et le couvert. « Tout le monde pense que nous sommes des terroristes » dit-il. « Je vais te prouver que ça n’est pas vrai ».

Ok, j'aime les couchers de soleil. Et après ?

Etudiant, celui-ci dirige un cours d’anglais gratuit pour tous et prodigue son savoir à l’université islamique du patelin. Je passerais donc la journée suivante à sauter de classe en classe où je serais reçu par des lycéens enthousiastes et heureux de faire ma connaissance. Le dernier étranger venu les voir, c’était 7 ans auparavant… je comprends maintenant pourquoi je fais figure d’ovni. De plus, je suis étonné par l’attitude de plusieurs troupes de filles qui, malgré l’extrême application du coran dans cette partie du monde, n’hésitent pas à me témoigner un vif intérêt. Bref, pas aussi farouches qu’on le croit.

La route s’offre de nouveau à moi après plusieurs offres adorables, du mariage à l’hébergement gratuit jusqu’à la fin de mes jours.

Canyon de Sianok

J’ai par contre beaucoup de mal à supporter la vue des habitants en train de tout jeter constamment dans la rivière où dans la jungle, faisant de ce qui pourrait être un véritable paradis une décharge à ciel ouvert.

Bukkittinggi n’est pas bien loin et se veut riche en trésors naturels comme le canyon de Sianok où encore l’impressionnant volcan actif Merapi. De plus l’ethnie régionale présente une particularité puisqu’elle est de confession musulmane matrilinéaire, c'est-à-dire que seule la filiation féminine compte.


J’en profite pour visiter quelques tranchées japonaises utilisées entre 1942 et 1945 avant de passer une nuit abominable faite de tourista et de gastroentérite.

Prochain arrêt Padang où quelques jours de repos seront de rigueur afin de recouvrer quelques forces m’voyez.

Volcan Merapi sous les nuages

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