jeudi 10 novembre 2011

D'Udon à Bangkok : la route de la flotte



Mon plan initial est de rejoindre la Thaïlande en traversant la frontière nord-ouest du pays puis de faire un premier arrêt à Chiang Rai. Mais seulement voilà, lorsque j'en parle autour de moi tous me donnent la même réponse : tu n'auras qu'un visa de 15 jours si tu traverses par la route à cet endroit. Toutefois on m'assure que si je retourne à Vientiane, j'aurais un laissez-passer d'un mois sans souci.



Je me refais donc le chemin en sens inverse et repasse une nuit dans la capitale laotienne croulant sous les dollars des nombreux occidentaux ayant fui les inondations du pays voisin. Je ne m'attarde pas et traverse un nouveau "pont de l'amitié" m'amenant tout droit aux files d'attente de l'immigration, cette fois-ci particulièrement longues. Un duo de douanières me jettent des regards curieux m'amenant à m'interroger sur le fonctionnement de l'attribution dudit visa.



Je m'en vais donc leur poser la question et après des explications enjouées, l'une d'entre elle m'évitera l'attente en me laissant emprunter le couloir du personnel ainsi qu'en me faisant promettre de ne le répéter à personne; puis elle s'en retourne à son poste en me donnant une tape sur la fesse et en tortillant du postérieur... Bon, jusque là tout va bien.
 
Le Roi, aimé à l'extrême par la population


Ce n'est qu'une fois le bureau atteint que les choses se corsent : ils ne me donnent qu'un tampon stipulant 15 jours; impliquant donc que j'ai fait tout le chemin de Luang Prabang à ici pour rien et qu'en plus je vais louper le nord. Un brin déçu, je me dirige vers le bureau des narcotiques pour qu'ils fouillent mon sac mais les officiels présents me font signe de passer avec un grand sourire.

Ce sympathique moine me donnera une représentation en granit du Bouddha pour me porter chance


Mon premier arrêt se trouve être Udon Thani, bien connue pour sa forte population d'expatriés et ses filles faciles. Après avoir suivi les indications des habitants, j’atterris dans un hangar-auberge qui coûte une misère et me met à explorer les lieux.

Première impression : c'est très industriel et hormis les quelques temples, laid. Mais la particularité tient dans l'accueil assez extraordinaire de ses citoyens et dans une faune à l'attitude surprenante.



Tandis que les shih tzus se perchent aux endroits les plus insolites, les éléphants se baladent en plein centre-ville accompagnés par des salopards de première qui vendent des bananes aux étrangers afin qu'ils nourrissent le précieux animal. Le propriétaire n'hésite pas à blesser le mammifère avec une pique si celui-ci n'obtempère pas. Assez révoltant.

Admirez le regard noir de notre camarade à trompe


De même le nombre de cinquantenaires européens obèses avec à leurs bras des prostituées à peine majeures est impressionnant. Le sport local est à priori de se faire téter le noodle pour 4 euros et de passer la journée suivante à le raconter à tous les salingres alentours. M'enfin, on m'explique que ça se passe comme ça ici et qu'il faut l'accepter. Mouais.

four crématoire dans un temple


Je poursuis ma route vers Nakhon Rachasima dit "Khorat", chef-lieu de l'Isaan. Un décor assez similaire mais une faune changeante puisque cette fois se dressent des monitors, reptiles de 2 mètres de long, qui font la navette entre les berges et les trottoirs, à deux pas des écoles maternelles.

Le monitor, près de 2 mètres de long


Au début on se demande si entre les moustiques et les crocodiles on ne va pas finir par se faire béqueter dans un  coin, puis l'on s'habitue doucement à la présence de tout ce petit monde qui forme un tout indivisible.

Les gens prient et font des offrandes à l'héroïne locale

La bienveillance et les témoignages d'intérêt sont nombreux, à l'instar des laotiens, mais contrairement à ces derniers, les thaïlandais font preuve de bien plus d'assurance et aiment l'humour noir. Ils n'hésiteront pas à faire un détour de plusieurs kilomètres pour vous emmener où vous le souhaitez et c'est pour eux une excellente occasion de déconner avec un étranger. C'est bien simple, ils sont pour ainsi dire tout le temps en train de rire. Dieu que c'est appréciable.



Après plusieurs heures de recherche d'informations à propos de la situation sur Bangkok et le témoignage rassurant de plusieurs voyageurs qui y sont passés, je me dirige vers la capitale, non sans un bout de trouille qui ne me lâchera pas du voyage.

Les embarcations spéciales inondations


Le passage de la périphérie est véritablement impressionnant, les véhicules s'engouffrent dans presque 1 mètre d'eau tandis que les locaux ayant pour ainsi dire tout perdu se déplacent sur des barques où des radeaux. Mais bien loin de tirer la tronche, ils saluent les gens qui passent et en profitent pour apprendre à nager aux plus jeunes.

La partie la moins immergée de l'aéroport international


La tension est palpable chez tous les automobilistes, spécialement devant l'aéroport international et ses carlingues à moitié immergées. Les voies rapides sont remplies de véhicules laissés à l'abandon, les poissons sautent partout, les algues et les ordures flottent : ça a un petit côté fin du monde assez particulier.

Contre l'eau : des sacs de sable


Mais une fois arrivé dans la ville, comprendre les coins touristiques et fortunés, il est incroyablement difficile de savoir qu'il y a bel et bien des inondations autour. C'est bien simple, on peut déambuler plusieurs heures à Khao San sans croiser un bout de flotte.



Trouver de l'eau potable par contre n'est pas une tâche des plus faciles, et l'on se rabat alors sur les sodas, les jus de fruit où encore la bière. Il faut bien vivre hein. Mais la situation est loin d'être aussi apocalyptique que ce que l'on nous raconte : la nourriture est présente en quantité et une grande partie des familles sont prises en charge par des proches où par l'armée.



De même les actions humanitaires sont nombreuses et les moins chanceux, sereins. "A quoi sert de s'inquiéter ? Ça fait 3 mois que ça dure ! On attend que l'eau redescende et puis on répare." dit l'un. "Bor pen nyang" dit un autre ("relax mec" en thaï).

Les "arbres à sous", soit de multiples billets accrochés à des cordes à linge


Bref, l'heure est à la réflexion post-floods et quant à moi, le prochain casse-tête est de parvenir à rejoindre le sud du pays. On oublie l'autostop et les bus et on envisage le train, voir même l'avion si les voies ferrées sont sous l'eau.

Certains ont compris comment apprécier la situation : "bor pen nyang" !

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