samedi 26 novembre 2011

Pirate du dimanche : Singapour n'est qu'à quelques milles

Tête de mort sur une tombe hollandaise
La première ville de Malaisie s'inscrit dans les standards de toute société moderne, à savoir : multiculturelle, à la pointe de la technologie, bruyante et chère. Âgée tout au plus d'une centaine d'années, Kuala Lumpur ne propose aucuns vestiges antiques hormis les vestes crasseuses des nombreux sans-abris moisissant sur leur bout de trottoir depuis des lustres. La misère est donc très présente et côtoie l'hyper-richesse, symbolisée pour l'occasion par les tours jumelles Petronas, comptant comme la paire de buildings parmi les plus hauts du monde.

Les tours Petronas
Par contre côté ambiance, on peut dire que les rues sont agitées. Tandis que les temples hindous font sonner tambours et que les églises donnent de la cloche, les muezzins agitent la glotte. Résultat : un bordel sonore incroyable qui a somme toute un certain charme.



Bien évidemment les chants musulmans sont à l'honneur et l'on ne peut ignorer la beauté de certains d'entre eux, mystiques; enfin on apprécie au début. Le problème est que les "chanteurs" sont de qualité assez inégale et quand vous vous faites réveiller tous les matins à 5h par un "allah akbar" hurlé au mégaphone, et bien vous trotte dans la tête une réaction assez similaire à un OSS 117 au Caire.


Ainsi, ce mélange d'influences constitue le principal attrait de la capitale mais hormis cela.... pas la peine de s'y attarder. La bière y est chère, tout comme le sourire.

Malacca n'est qu'à une heure de route et rejoindre cet ancien port marchand est rapide. La route présente un décor assez monotone de palmiers en rangs serrés, sans grand intérêt. La bourgade par contre est une curiosité : inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, elle conserve les traces de l'arrivée des colons portugais (sans mauvais jeu de mots), hollandais et britanniques; proposant de fait divers galions, des chapelles en ruine ainsi que d'innombrables tombes frappées de la légendaire tête de mort.



De nombreux voyageurs s'y arrêtent un certain temps pour sa facette artistique et son calme appréciable, ses berges illuminées et sa communauté particulière. J'y pose donc mon sac quelques jours avant de me diriger vers la cité-état de Singapour qui me donnera ma première sueur froide depuis le Kazakhstan.

Chapelle Saint Paul


Afin d'accéder à ladite mégapole, il me faut passer une nouvelle frontière qui se révèle assez pointilleuse. Manque de chance, après un passage dans le scanner mon sac se met à sonner. 5 douaniers se mettent autour et cherche vraisemblablement un objet métallique dans le fond de mon sac. Il s'agit bien évidemment de mon couteau papillon que je planque dans une chaussure et qui n'avait jusque là jamais été découvert.



Ils fouillent mais ne trouve rien, le stress monte, ils me posent plein de questions, je m'imagine déjà dans une cellule à expliquer à l'officiel en charge que j'utilise l'arme blanche pour bouffer de l'alligator quand je suis en pleine jungle.



Ne pas trouver l'objet les a passablement énervé et je me décide à jouer la carte de l'honnête bêta qui n'est pas au courant : "- ha mais oui, j'ai un couteau de chasse" que je leur dis. Je sors la bête et coup de bol, il n'arrive pas à l'ouvrir. Il me demande de le faire et m'explique qu'ils ne sont pas habitués à l'artisanat suisse, tandis qu'une garde explique à un collègue que les français l'utilisent pour ouvrir les bouteilles de pinard. Ouf, leur compréhensible ignorance (rappelons que je suis à 11000 km de Paris) me sauve la mise.

Mosquée chinoise


Une fois de l'autre côté, force est de constater que c'est à la Malaisie ce que Monaco est à l'hexagone : la même ambiance mais en plus bourgeois. Toujours du neuf, du neuf et pas de place pour l'ancien. Mais c'est une tendance très asiatique que de faire table rase du passé et, hormis pour la Thaïlande, la majorité des sites préservés que j'ai eu de la chance de traverser depuis mon arrivée en Chine jusqu'à cet endroit est financée par les japonais. C'est assez triste dans un sens.

Le premier Mister Universe était malais !


Je me fraye un chemin entre les nombreuses filles de joie afin de trouver une âme charitable capable de m'héberger dans cette zone hors de prix, avant de tenter de rejoindre l'Indonésie en bateau, si possible sans payer le ticket...

La roue de l'évolution, représentant l'avancée de l'homme au fil du temps

vendredi 18 novembre 2011

Krabi & co : sprint jusqu'à la frontière malaisienne



Un dernier tour d’un Bangkok que je ne reverrais probablement jamais dans cet état, un signe de la main à mon adorable hôte thaïlandais Toom et me voilà sur la route du sud à chercher comment passer au travers des dernières voies inondées. 

Les convois embarquent principalement des sinistrés et je ne me vois pas en virer un en gueulant : « salaud de pauvre, t’avais qu’à t’acheter des pilotis ». De fait, je me dirige vers la gare où tous les trains dans ma direction sont annulés puis vers la station de bus sud que je découvre à moitié immergée…. Là l’option est toute désignée mais prendre l’avion ne faisant pas parti de mes plans, je me débrouille pour dégotter un car-tank à touristes après avoir écumé quelques agences.

Un sanctuaire thaï


La sensation est étrange : je porte un pantalon tâché de peinture (souvenir du helpx à Luang Prabang), des bottines à moitié mortes, un t-shirt troué d’une marque de bière laotienne et cerise sur le gâteau je dégouline de sueur. Imaginez la trombine du chauffeur de bus et des voyageurs en D&G quand je prends place à leurs côtés : c’est bien simple je fais peur à tout le monde et bizarrement le seul siège libre se trouve être celui à côté du mien.

C'est joli non ?


Je débarque non loin de Surat Thani et fonce vers Krabi situé sur la côte ouest. Foncer est le mot puisqu’il ne me reste déjà plus que 5 jours avant de me retrouver en situation irrégulière. Mais c’est déjà une autre Thaïlande qui s’offre à moi, beaucoup plus touristique, moins sympa et bien plus chère. Les îles paradisiaques n’attirent pas forcément un public très agréable, ça me rappelle un peu Odessa sur ce plan.

Plage-port d'Ao Nang avec les "long-tails boats"


La plage d’Ao Nang, d’où l’on peut embarquer pour Koh Phi Phi et Koh Lanta (oui, je sais oui), devait être magnifique avant. Que l’on s’entende bien, c’est toujours joli mais la quantité de détritus et d’attrape-couillons parvient à vous faire haïr l’endroit. La route n’est qu’à quelques mètres de l’eau qui est elle-même couverte de « bateaux longues-queues » pour occidentaux ; les vendeurs de « costoume » vous cassent les bonbons à tous les coins de rue avec cette détestable technique du « jeteserslamainetjenetelarendquesitumachètesuntrucouquetumenvoiesvigoureusementchier ».

C'est le printemps !


Bref, c’est aussi dépaysant que la côte d’azur au mois d’août et je mets donc les bouts vite fait en direction de la Malaisie. Je suis toutefois un peu frustré de cette maigre quinzaine passée ici, j’ai l’impression de partir sans connaitre réellement le pays  et il faudra donc définitivement que je revienne, ne serait-ce que pour voir Chiang Mai où les îles réputées moins touristiques comme Koh Kood.


Après un bref arrêt à Hat Yai, je passe la ligne sans difficulté et prend le sentier de Kuala Lumpur en évitant Penang qui d’après les rumeurs disposerait d’une atmosphère similaire aux îles que je viens de quitter. Mort aux plages donc et place aux buildings. Mes premiers pas dans le pays sont assez étonnants : après avoir passé un bon kilomètre de bidonvilles, je découvre un pays ultramoderne avec autoroutes à 4 voies, toilettes avec du papier (ben oui, après 3 mois de jets rince-culs ça surprend), et de vastes étendues d’habitations flambant neuves.


 


Comme me l’annonçait déjà la pointe sud de la contrée précédente, les citoyens d’ici sont à majorité musulmane et les hommes portent fièrement la barbe avec le chapeau tandis que les femmes sont toutes voilées. Alors c’est vrai que mon crâne de blond ne passe pas inaperçu et entraine une certaine méfiance de la part des autochtones. Il est difficile d’obtenir des réponses aimables, m’invitant ainsi à me la fermer mais ce qui est un brin dérangeant est véritablement le rapport à la gente féminine.

Du building neuf en veux-tu en voilà

 
Non pas que je déambule avec des yeux de pervers en soulevant les burqas des filles mais il arrive qu’accidentellement les regards se croisent un court instant. Le drame. Elles fuient alors à moitié et la testostérone alentour me foudroie des pupilles… Pour l’heure, la seule solution à ma portée est de me balader tête en l’air, entrainant bien sur toutes sortes de dégâts allant de la simple chute au carambolage sur trottoir auxquels s’invitent tous les vendeurs de victuailles.

La grande mosquée


Une fois arrivé dans la capitale, cette facette stricte s’assouplit un peu et la cité présente un multiculturalisme impressionnant. Des hindous, des chinois, des européens, des bangladais arpentant des rues bordées de temples et d’églises avec au centre une immense mosquée. On dirait un mélange entre Astana et Shanghai. 

Le temps est à la pluie mais également à la découverte des terres du Sultan Mizan Zainal Abidin. Plus de détails sur Kuala Lumpur dans une semaine !

jeudi 10 novembre 2011

D'Udon à Bangkok : la route de la flotte



Mon plan initial est de rejoindre la Thaïlande en traversant la frontière nord-ouest du pays puis de faire un premier arrêt à Chiang Rai. Mais seulement voilà, lorsque j'en parle autour de moi tous me donnent la même réponse : tu n'auras qu'un visa de 15 jours si tu traverses par la route à cet endroit. Toutefois on m'assure que si je retourne à Vientiane, j'aurais un laissez-passer d'un mois sans souci.



Je me refais donc le chemin en sens inverse et repasse une nuit dans la capitale laotienne croulant sous les dollars des nombreux occidentaux ayant fui les inondations du pays voisin. Je ne m'attarde pas et traverse un nouveau "pont de l'amitié" m'amenant tout droit aux files d'attente de l'immigration, cette fois-ci particulièrement longues. Un duo de douanières me jettent des regards curieux m'amenant à m'interroger sur le fonctionnement de l'attribution dudit visa.



Je m'en vais donc leur poser la question et après des explications enjouées, l'une d'entre elle m'évitera l'attente en me laissant emprunter le couloir du personnel ainsi qu'en me faisant promettre de ne le répéter à personne; puis elle s'en retourne à son poste en me donnant une tape sur la fesse et en tortillant du postérieur... Bon, jusque là tout va bien.
 
Le Roi, aimé à l'extrême par la population


Ce n'est qu'une fois le bureau atteint que les choses se corsent : ils ne me donnent qu'un tampon stipulant 15 jours; impliquant donc que j'ai fait tout le chemin de Luang Prabang à ici pour rien et qu'en plus je vais louper le nord. Un brin déçu, je me dirige vers le bureau des narcotiques pour qu'ils fouillent mon sac mais les officiels présents me font signe de passer avec un grand sourire.

Ce sympathique moine me donnera une représentation en granit du Bouddha pour me porter chance


Mon premier arrêt se trouve être Udon Thani, bien connue pour sa forte population d'expatriés et ses filles faciles. Après avoir suivi les indications des habitants, j’atterris dans un hangar-auberge qui coûte une misère et me met à explorer les lieux.

Première impression : c'est très industriel et hormis les quelques temples, laid. Mais la particularité tient dans l'accueil assez extraordinaire de ses citoyens et dans une faune à l'attitude surprenante.



Tandis que les shih tzus se perchent aux endroits les plus insolites, les éléphants se baladent en plein centre-ville accompagnés par des salopards de première qui vendent des bananes aux étrangers afin qu'ils nourrissent le précieux animal. Le propriétaire n'hésite pas à blesser le mammifère avec une pique si celui-ci n'obtempère pas. Assez révoltant.

Admirez le regard noir de notre camarade à trompe


De même le nombre de cinquantenaires européens obèses avec à leurs bras des prostituées à peine majeures est impressionnant. Le sport local est à priori de se faire téter le noodle pour 4 euros et de passer la journée suivante à le raconter à tous les salingres alentours. M'enfin, on m'explique que ça se passe comme ça ici et qu'il faut l'accepter. Mouais.

four crématoire dans un temple


Je poursuis ma route vers Nakhon Rachasima dit "Khorat", chef-lieu de l'Isaan. Un décor assez similaire mais une faune changeante puisque cette fois se dressent des monitors, reptiles de 2 mètres de long, qui font la navette entre les berges et les trottoirs, à deux pas des écoles maternelles.

Le monitor, près de 2 mètres de long


Au début on se demande si entre les moustiques et les crocodiles on ne va pas finir par se faire béqueter dans un  coin, puis l'on s'habitue doucement à la présence de tout ce petit monde qui forme un tout indivisible.

Les gens prient et font des offrandes à l'héroïne locale

La bienveillance et les témoignages d'intérêt sont nombreux, à l'instar des laotiens, mais contrairement à ces derniers, les thaïlandais font preuve de bien plus d'assurance et aiment l'humour noir. Ils n'hésiteront pas à faire un détour de plusieurs kilomètres pour vous emmener où vous le souhaitez et c'est pour eux une excellente occasion de déconner avec un étranger. C'est bien simple, ils sont pour ainsi dire tout le temps en train de rire. Dieu que c'est appréciable.



Après plusieurs heures de recherche d'informations à propos de la situation sur Bangkok et le témoignage rassurant de plusieurs voyageurs qui y sont passés, je me dirige vers la capitale, non sans un bout de trouille qui ne me lâchera pas du voyage.

Les embarcations spéciales inondations


Le passage de la périphérie est véritablement impressionnant, les véhicules s'engouffrent dans presque 1 mètre d'eau tandis que les locaux ayant pour ainsi dire tout perdu se déplacent sur des barques où des radeaux. Mais bien loin de tirer la tronche, ils saluent les gens qui passent et en profitent pour apprendre à nager aux plus jeunes.

La partie la moins immergée de l'aéroport international


La tension est palpable chez tous les automobilistes, spécialement devant l'aéroport international et ses carlingues à moitié immergées. Les voies rapides sont remplies de véhicules laissés à l'abandon, les poissons sautent partout, les algues et les ordures flottent : ça a un petit côté fin du monde assez particulier.

Contre l'eau : des sacs de sable


Mais une fois arrivé dans la ville, comprendre les coins touristiques et fortunés, il est incroyablement difficile de savoir qu'il y a bel et bien des inondations autour. C'est bien simple, on peut déambuler plusieurs heures à Khao San sans croiser un bout de flotte.



Trouver de l'eau potable par contre n'est pas une tâche des plus faciles, et l'on se rabat alors sur les sodas, les jus de fruit où encore la bière. Il faut bien vivre hein. Mais la situation est loin d'être aussi apocalyptique que ce que l'on nous raconte : la nourriture est présente en quantité et une grande partie des familles sont prises en charge par des proches où par l'armée.



De même les actions humanitaires sont nombreuses et les moins chanceux, sereins. "A quoi sert de s'inquiéter ? Ça fait 3 mois que ça dure ! On attend que l'eau redescende et puis on répare." dit l'un. "Bor pen nyang" dit un autre ("relax mec" en thaï).

Les "arbres à sous", soit de multiples billets accrochés à des cordes à linge


Bref, l'heure est à la réflexion post-floods et quant à moi, le prochain casse-tête est de parvenir à rejoindre le sud du pays. On oublie l'autostop et les bus et on envisage le train, voir même l'avion si les voies ferrées sont sous l'eau.

Certains ont compris comment apprécier la situation : "bor pen nyang" !

mardi 1 novembre 2011

Remontée du Mékong : entre débauche et empreintes coloniales



Vang Vieng n'est pas bien loin, 200 km tout au plus, mais la route pour y parvenir n'est pas des plus évidentes. Contrairement au Vietnam, se déplacer ici ne coûte quasiment rien et solliciter l'aide d'un autochtone pour rallier 2 points est toujours une démarche accueillie avec un sourire. Car oui, je suis au cœur du continent qui fait constamment risette et ici la bonhommie n'est pas un vain mot.

Environs de Vang Vieng


Je débarque finalement dans ce hameau perdu en pleine brousse qui compte en tout et pour tout 3 rues mais le spectacle offert n'est pas aussi typique que l'on pourrait le croire. En effet, tout ici est aménagé pour la jeunesse occidentale et se pinter à longueur de journée semble être l'activité maitresse, aidée en cela par le "tubing" qui consiste à se laisser aller au fil du Mékong sur une bouée et à s'arrêter à tous les "pit stops" pour avaler quelques bières et parfois même se voir offrir un pétard gratuit.

Touriste autrichien avec un milk-shake aux champignons


Sans compter quelques dizaines de morts tous les ans par noyade, ces "fêtards" offrent un spectacle assez navrant aux jeunes laotiens qui, faute de pouvoir s'offrir un peu d'herbe, s'enfilent des pilules appelées "Yabba". Il s'agit de méthamphétamines comptant parmi les plus nocives au monde; mais c'est abordable donc...

Bouddha dans une grotte (si)


Une fois ceci fait, il convient de passer le reste de la journée à se prélasser sur les banquettes des nombreux bars à sitcoms retransmettant en boucle des épisodes de Friends. Puis s'en vient le soir où tout le monde se la colle de nouveau jusqu'au petit matin. Bon, pour être tout à fait honnête je me suis laissé aller à l'arrivée mais le résultat ne valait pas vraiment le détour.

On s'attend à tout moment à ce que Tarzan pousse son fameux cri


Par contre, la nature environnante est magnifique et combine montagnes, jungle et caves offrant de nombreuses heures de treks aux courageux. J'ai par ailleurs pu observer quelques chauve-souris géantes et araignées monstrueuses lors de descentes sous le roche; je n'en menais pas bien large.



Ce village m'énerve. Je ne m'éternise donc pas et rejoins Luang Prabang au moyen d'un bus aux pneus à moitié crevés suivant une route chaotique. Chaque virage me donne des sueurs froides et j'arrive finalement en vie dans ladite bourgade, soulagé.

Récolte du riz


Celle-ci a beaucoup de charme et fait contre toute attente encore très coloniale : je crois que je n'ai jamais croisé autant de français depuis mon départ. De nombreux bars d'expatriés ornent les rues tandis que les locaux se chargent des maisons d'hôtes et des supérettes de fortune.



Le comportement des habitants est toujours amical mais leur attitude presque servile est véritablement dérangeante : on se sent comme un roi en face de ses sujets. De fait certains étrangers en jouent, les infantilisent un maximum et pourtant leur existence n'a rien d'une promenade de santé.

L'un des nombreux moines novices arpentant les rues


La plupart commencent à travailler dés 14 ans, pour un salaire ne dépassant que rarement les 400.000 kips (40 euros environ), tout en suivant péniblement des études et dorment parfois directement au boulot pendant plusieurs mois avant de rentrer dans leur village. De même l'appréciation des distances est très différente puisque tout se calcul en fonction d'un scooter. Ainsi, 50 km sont un véritable périple qui nécessite une préparation convenable : le contraste avec les chinois ou mieux encore les russes est saisissant, sachant que ces derniers ont pour habitude de faire régulièrement 2000 bornes A/R pour aller taquiner une mousse avec un poto.



Le coin semble idéal pour faire une pause et je décide par la même de m'essayer au HelpX. Kéksékoi ? Et bien c'est tout simplement un site web recensant plusieurs "entreprises" cherchant des bras en échange du gîte et du couvert. Le principal intérêt est qu'en général il s'agit de boulot dans des fermes organiques ou à portée écologique incluant donc toutes sortes de travail du bambou ou du bois dans des endroits pittoresques. Ceux qui me connaissent depuis un bout de temps savent que je suis aussi manuel qu'un tétraplégique mais bon, si je peux apprendre quelques tours ce ne sera pas du temps perdu.



Je prend donc une pirogue pour traverser la rivière Nam Kam et vais à la rencontre de Nathalie, expatriée québecoise possédant un certain nombre de petits business dans le coin dont un restaurant situé sur une petite île et une piscine plus loin. De fait, elle cherche de l'aide pour des boulots de menuiserie et autres dit l'annonce : je lui propose mes paluches, elle accepte, rendez-vous demain 10h.

Un bout de l'équipe HelpX après une partie du sport favori des laotiens : la pétanque (crédit photo : Justine)


Bim, me voilà sur le lieu à l'heure dite prêt à en découdre avec scies et marteau : ça va fumer. Sauf que non, après un petit déjeuner complet et goûtu (c'est dire si ils sont rares), on m'assigne une tâche inattendue : configurer une pointeuse pour le personnel lao du restau. Imaginez ma tronche et celle des autochtones quand j'installe cette machine infernale.... Bon... Je poursuivrais la semaine en faisant de la comptabilité et finirais en beauté par un tri/nettoyage de galets qui durera pas loin de 9h...

Imaginez cette photo correctement cadrée avec le chant d'une vingtaine de moines. Mystique.


Ceci étant dit, la gentillesse de la patronne est un plus et la qualité des repas est telle que l'on a pas l'impression de se faire arnaquer sur la marchandise. D'autres helpexeurs plus aguerris m'indiquent malgré tout le caractère assez inhabituel de cette expérience et me conseillent de retenter autre part pour me faire une idée plus générale du concept Woofing (qui est à peu près la même chose).



Je repars donc demain en direction de la Thaïlande et de ses inondations qui semblent s'apaiser un tantinet (touche du bois).