samedi 1 octobre 2011

Pékin : un petit thé et puis s'en va



Il est temps de laisser le sable pour rencontrer le brouillard, mais pas n’importe lequel ! Une singularité grisâtre chargée de molécules cancéreuses comme seules peuvent en délivrer des cités comme Lanzhou. Reconnue comme étant l’une des villes parmi les plus polluées au monde, je déambule dans un océan de crasse gazeuse avant de filer rapidement vers Pékin, vu que les bouches d’égout semblent être les édifices les plus intéressants dans le coin.



Le temps m’étant alloué pour traverser le pays est court (1 mois), et les longues distances m’obligent à prendre plusieurs trains ; généralement en « hard-seat ». Cette dernière option est bien évidemment la moins onéreuse et si vous souhaitez assister à une bonne tranche de vie chinoise, l’endroit est idéal. Ca mange, ça boit, ça fume, ça crache et c’est convivial, autant que l’intensité du mal au popotin qui attend le malheureux voyageur après un trajet de plus de 20h.



Malgré mes efforts les plus sincères et la gentillesse d’une grande partie des citoyens, il m’est impossible de me faire héberger et ce dans n’importe quel  patelin traversé. Que ce soit une demande directe où par couchsurfing, je fais chou blanc, et répartis mon temps de sommeil entre nuits extérieures et auberges, que je n’affectionne guère.



Débarquer dans la capitale est une étape d’importance, puisque je réalise cette fois qu’elle est loin ma Picardie natale. Et malgré toute la symbolique de la destination, je ne peux dire que je me plais ici. La longue semaine d’attente pour mon visa vietnamien me laisse largement le temps de goûter aux « joies » pékinoises et je découvre une cité aux mœurs plus occidentales qu’autre chose. C’est cher, c’est hype, on ne voit que rarement le ciel et quand vous faites partie de l’un des nombreux touristes occidentaux : vous êtes une cible.



Si, une cible pour toutes les arnaques possibles et imaginables. Malgré ma vigilance, je me suis fais avoir comme un bleu par le « Beijing Tea Scam » ou « arnaque au thé de Pékin » qui consiste à envoyer à votre rencontre un duo d’étudiants tout ce qu’il y a de plus banal pour discuter avec vous et vous amener dans l’établissement de leur choix. Les rencontres inopinées sont monnaie courante depuis que je suis arrivé et je ne me méfie pas de cette maison de thé vers laquelle nous convergeons. Ils me proposent de boire un coup rapidement, j’accepte. 

L'entrée de la cité interdite sur la place Tian'anmen
La discussion est tout ce qu’il y a de plus classique et nous picolons allègrement cette innocente eau chaude mêlée à 3 bouts de feuilles. Sauf que l’addition arrive et qu’elle est à l’évidence ridicule. 500 Yuan (environ 55 euros) pour 3 coupes de thé qui en temps normal valent 2 yuans chacune. Mais c’est de ma faute, j’aurai dû regarder la carte d’abord.



Je proteste et ils me regardent d’un air étonné, type « Mais qu’est-ce qu’il fait ? Il n’y a pourtant aucune entourloupe ». Et là vous vous mettez à douter : « Après tout je suis à côté du square Tiananmen », « c’est peut-être plus cher de ce côté », « Et bordel, si je les plante là et qu’elles sont en fait réellement sincères, je ne vais pas en dormir de la semaine ».

Toute la subtilité du tour est là, elles semblent tellement honnêtes que vous n’êtes pas sûr qu’il y a véritablement anguille sous roche. Elles jouent leur rôle à la perfection et m’expliquent que c’est normal, c’est Pékin, c’est plus cher. Je laisse finalement 200 yuans et me tire en les saluant. Une rapide recherche sur internet plus tard et la confirmation arrive : j’ma fais carjacker. 


Le problème avec ce genre de pratique ça n’est non pas le fait de perdre bêtement 20 euros, mais bel et bien que la « victime », en l’occurrence votre serviteur, se met à se méfier de la moindre peccadille et de fait profite moins de son séjour et des autochtones. Vous pensez bien que je suis retourné dans l’établissement le soir même et est exprimé énergiquement mon sentiment au museau de la responsable du site. Je crois même qu’un peu de vaisselle a volé mais je ne me rappelle étrangement plus bien qui a commencé. Bref.


La Cité interdite, divers temples, les ruelles anciennes, le Mausolée de Mao et j’en passe. Le patrimoine de la mégalopole est fort riche, fort coûteux qui plus est, mais me laisse étrangement froid. Toutefois, un fait est avéré : au dessus du bruit, de la crasse et des disputes : tous ces gens s’aiment envers et contre-tout. Je n’ai jamais autant ressenti l’unité d’un peuple qu’en Chine : ils sont ensemble pour le meilleur et pour le pire, peu importe l’opinion du monde à leur sujet.

La puissante Chine n'en finit plus de construire
De même, le cliché du chinois docile face à l’autorité est totalement erroné. Je ne compte plus le nombre de fois où je les vois envoyer paître la maréchaussée, se foutre d’eux où tout simplement les ignorer. 

Prochain arrêt Shanghai qui, je l’espère, suscitera de meilleurs sentiments.

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