vendredi 30 septembre 2011

Objectif Chine : plus près de toi chameau




Après quelques jours à explorer les petits bijoux de nature autour d’Almaty, je me décide enfin à rejoindre la Chine malgré un pénible mal de ventre qui ne me lâchera pas de la semaine. Je réalise par la même ma première expérience de bus-stop et me dirige tout droit vers la ville frontière de Khorgos.

Glacier d'Almaty


Mauvaise surprise : tandis que je profite à bord de quelques heures de sommeil bien méritées, nous sommes arrêtés par la police de l’immigration qui inspecte rapidement tous les passeports. Avant même de prendre le mien, le fier policier me regarde avec un petit sourire en coin, imaginant probablement le profit qu’il pourra tirer d’un étranger. Une fois ma carte de migration entre les mains, il me dit de le suivre jusqu’à sa voiture : apparemment il y a un problème. Ca ressemble à un mauvais rêve et le fait que nous soyons en pleines steppes, avec rien d'autre autour que des touffes d'herbe séchées, n’est pas fait pour me rassurer. 



C'est indéniable : nous ne nous comprenons pas. Il ne parle pas un mot d’anglais mais répète avec un ton insupportable « Almata, Almata ! » et mime un tampon. Il ment le fourbe, je suis parfaitement en règle et il le sait. Les occupants de l'autocar me regardent tous, inquiets, et tandis que j’essaye de lui dire calmement qu’il abuse, 2 étudiants Kazakhs viennent à mon secours. Parmi eux, une jeune femme est déterminée à m'aider et m’explique que ce sympathique képi va me ramener à Almaty si je ne lui donne pas 15.000 Tenge (75 euros). Elle comprend bien que je n’ai pas une telle somme sur moi et elle négocie avec le ripou pendant 30 mn jusqu’à ce qu’il se ravise et n'en demande "que" 2000. J’ai autant envie de lui filer mon fric que d’avaler le cactus d’à côté mais bon, j’en ai ma claque et les gens m’attendent avec pour berceuse les hurlements de quelques bambins. Je lui donne et récupère mon passeport. 

Urumqi 
 De nouveau à bord, les occupants s’installent autour de moi : « Rien de ce qu’il disait n’était vrai mais au moins tu as un petit aperçu de ce qu’on doit avaler tous les jours » répètent-il. Une solidarité s’établie et tandis que je commence à craindre le pire pour les prochains contrôles à la frontière, ils sourient et me disent de ne pas m’inquiéter. « On va t’aider ».

C’est ce qu’ils firent. Chacun cherchant à attirer l’attention des militaires pour qu’ils ne s’attardent pas sur mon cas. Les conseils fusent et je me sors des 5 contrôles successifs sans encombre. Je leur suis redevable.

L'une des nombreuses mobylettes chinoises typiques

L’entrée en Chine est plus simple même si je dois attendre 40 mn pour vérification. Apparemment c’est le premier passeport biométrique français qu’ils voient et ils le scannent sous tous les angles. Ça m’étonne que je sois le premier hexagonal à venir ici depuis 2 ans m’enfin passons.

Une fois de l’autre côté tout est radicalement différent. Toujours aussi étonné de constater à quel point une ligne imaginaire change les hommes et les mœurs, je m’enfonce dans une jungle de panneaux chinois dont je ne pipe pas mot.

Peinture murale dans un temple lama

J’attrape une navette et joins Urumqi dans la matinée, ma première véritable halte au pays du tofu. Tofu qui constituera par ailleurs mon premier repas, accompagné des traditionnelles nouilles avec du thé pour boisson. La ville n’a pas grand-chose d’antique à offrir mais observer la population est assez fascinant. Un déluge de bruits de voitures, de mobylettes, de tuk-tuks, de raclements de gorge, de rots et de pets ; agrémenté d’odeurs d’épices merveilleuses et de senteurs corporelles moins sympas. Une véritable fourmilière située en plein cœur du Xinjiang, province autonome du peuple Uyghur, où il est plus facile de trouver des contrefaçons qu’un bol de riz.

Dunhuang 
De gigantesques marchés de faussaires en plein air proposent Iphones de Bpple, téléphones Nokai, téléviseurs Samsnug ou encore du prêt-à-porter signé «Crocodile » avec le fameux animal Lacoste.
L’attitude des habitants est de manière générale particulièrement bienveillante. En effet, ils sont curieux comme des pies et mes poils de bras les intriguent au plus haut point : ils ne peuvent s’empêcher de toucher et en retour me présentent leur chair vierge de tout pelage. On me donne du « hello » en veux-tu en voilà, les enfants me suivent sourire aux lèvres et chacune de mes apparitions dans les petits restos bon marché me valent toutes les attentions de la part du personnel et des clients qui, une fois sur deux, quittent leur table pour manger à la mienne. 

Temple bouddhiste

De même, l'animation dans les rues à la nuit tombée est impressionnante. De la musique traditionnelle dans tous les coins et tandis qu'une vingtaine de personnes pratiquent leur tai chi quotidien en bordure d'un étang, d'autres dansent la valse avec un air sérieux particulièrement drôle.

Le coup de foudre en plein désert de Gobi
Niveau nourriture, les locaux ne jurent que par les nouilles. C'est matin, midi et soir; accompagnées la plupart du temps par quelques brochettes de poulpe ou d'agneau. Et quand après quelques jours la seule vue de ces fils blancs vous donnent envie de tuer une bonne douzaine de bébés phoques, la seule solution est de se rabattre sur les KFC, qui sont légion à travers tout le pays. Quand je dis légion, c'est à dire que vous en avez un tous les 100m, sans mentir.

Coucher de soleil dans le désert. Magique.
 Je m’enfonce plus loin dans le territoire et atteins le petit bourg de Dunhuang, oasis située en plein désert de Gobi, non loin de la frontière mongole, au charme indéniable. Des chameaux, des pagodes, du sable, des temples bouddhistes et les caves Mogao dites « Aux milles bouddhas »… c’est certes très touristique mais néanmoins magique.

Les caves Mogao

 
Je m’apprête à m’arrêter rapidement à Lanzhou, histoire de me noircir un peu plus les poumons. La ville la plus polluée au monde mérite bien un coup d’œil !


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